Anne-Laure Bondoux pour son roman, Le temps des miracles, aux éditions Bayard.
Arrêt sur images prises mercredi 16 juin, au palais des Congrès.
Lettre de félicitations adressée par X.L Petit au lauréat 2010 :
Bonjour à toutes et à tous,
Combien êtes-vous exactement dans cette salle? Aucune idée! Mais pour y être venu l'année dernière, je sais que vous êtes plutôt nombreux. Et tout aussi nombreux à penser très fort : “J'espère que ce type qui n'est même pas là ne va pas nous casser les pieds avec un discours!” Et quant je dis "casser les pieds", je reste poli!
OK. Promis! Je vais être court.
Je tiens simplement à vous remercier, vous, les lectrices et les lecteurs! Oui, vous!
Pour Anne-Laure, on verra plus tard, c'est compris?
Je tiens à vous remercier parce que, si vous n'aviez pas attribué le Prix des Lecteurs au Temps des Miracles, je ne l'aurais peut-être pas lu. Et comme un abruti, je serai passé à côté d'un vrai moment de lecture. Un moment rare! Un de ces moments où le monde peut bien s'écrouler, plus rien ne compte que ce qui se passe dans le livre. Le reste n'a plus d'importance.
Le roman à peine ouvert, les images sont apparues toutes seules et mon petit cinéma intérieur s'est mis en marche sans que je fasse le moindre effort. Tout se déroulait là, sous mes yeux, au fur et à mesure que je lisais. Et je me laissais emporter.
J'étais dans l'Immeuble du début, et puis à Souma-Soula,et puis dans le camp tzigane… mais surtout je faisais connaissance avec Koumaïl ou Blaise -on ne sait plus trop comment l'appeler-, avec Gloria, avec la belle Fatima qui n'ouvre jamais les yeux, avec Boucle-d'Oreille, Maya, Suki, Prudence, et les autres… Ils étaient bien plus que des personnages de papier. Ils prenaient vie là, devant moi, au fil des phrases, et me donnaient envie de mieux les connaître, de les rencontrer, d'entendre leur histoire.
Et puis il faut bien le dire, Le temps des Miracles nous parle aussi de ces gens qu'on croise sans le savoir, et parfois sans les voir. Ces immigrés, ces clandestins, ces sans-papiers qui n'ont pas d'autres choix, comme Koumaïl et Gloria, que de quitter leur pays et passer les frontières. Des concours de malheurs comme ceux de Prudence, on pourrait sans doute en faire des tas. Il y aurait pas mal de gagnants ex-aequo…
Quand j'ai refermé le livre, je me suis senti un peu creux, comme si soudain, il me manquait quelque chose. J'ai suffisamment lu de bouquins pour savoir que c'est bon signe, ça! Le signe qu'on vient de dévorer un vrai roman. Un de ceux qui emmènent loin leurs lecteurs.
Arrivé là, il n'y a aucun doute, c'est bien Anne-Laure que je dois remercier pour tous ces moments passés en compagnie de Blaise, Gloria et les autres.
Mais je la remercie aussi pour quelques phrases que j'ai pêchées ça et là, et qui sonnent de façon bien particulière aux oreilles de quelqu'un qui écrit.
Des phrases comme…
«Il faut bien raconter des histoires, pour que la vie soit supportable…»
Ou encore «Quand on ne sait pas, on imagine.»
Et puis celle-ci, tout à la fin : «Y-a-t-il une différence entre dire un mensonge et raconter une histoire?»
Non. Il n'y a pas de différence, j'en suis persuadé. Et nous autres, les humains, on adore se plonger dans les histoires. On adore rêver, imaginer, rire et pleurer à cause d'elles. Les histoires qu'on nous raconte sont indispensables. Elles nous accompagnent, et je ne suis pas loin de penser qu'elles sont mêmes vitales.
Merci, Anne-Laure, pour nous avoir fait vivre l'histoire de Blaise. À quand la prochaine?
Xavier
La délicieuse recette du temps des miracles :
"Le coeur, une main, trois doigts, et le poète Blaise Cendrars."
"Ecrire un roman, c'est comme au théâtre. On joue des personnages, on ressent leurs émotions, on vit leur histoire, leur exil, leur déracinement, même si c'est pour de faux. On élargit son champ des possibles."
-Le Mans ? Le Mans ? Le Mans ? Ah !
-Dans notre atlas vert, c'est à la page 72.
-C'est la pure vérité.
-Le Mans. La route la plus courte pour aller de Tbilissi au mont Saint-Michel passe par le Mans. C'est la pure vérité.
-tatatata-tatatata !
-Oui, mais c'est la plus sûre. La preuve, Madame, c'est ici que vous allez recevoir le prix des lecteurs.
-Car vous êtes la meilleure : c'est la pure vérité.
-Nous vous le remettons avec le même plaisir que nous avons pris à lire "le temps des miracles".
-Madame Anne-laure Bondoux, écrivez-nous encore beaucoup de romans ; nous vous lirons. Car, comme vous le faites dire à Koumaï : dans la vie, quand vous êtes inséparable avec quelqu'un, ça vous rend très heureux.
Boîtes réalisées par les élèves du collège de Vibraye